DE L’EXPÉRIMENTATION SOCIALE AU ROMANTISME NOIR :
CINQ DOCUMENTAIRES AUTOUR DES DROGUES
Retour sur cinq documentaires sonores centrés sur les drogues dures, parus simultanément (quoique sans concertation) en 2014. Avec une attention particulière à l’un d’entre eux : Toxcity.
« C’est d’une noirceur, d’une épaisseur, d’une glauquerie, d’une… Ça n’a pas d’âme. C’est mort. C’est le pire endroit au monde. » Ainsi parle un homme au tout début de Poudreuse dans la Meuse, documentaire sonore de Mehdi Ahoudig sur la consommation d’héroïne dans le département. La voix interpelle avec amertume le journaliste et, par extension, le public : « Vous ne me croyez pas ? » Il y a bien eu, dans les années 2000, The Wire ou Breaking Badpour traiter différemment la question des drogues dans les séries télé, mais à force de documentaires misérabilistes, d’entretiens moralisateurs et de films spectaculaires, on peine en effet à croire ce qu’on nous sert sur le thème – ou bien, ce qui revient au même, on s’en fait un divertissement comme un autre. On a le regard blasé : c’est noir, c’est épais, c’est glauque, on sait. En fait, on ne sait rien, parce que le misérabilisme, la morale et le spectacle ne sont pas là pour révéler quoi que ce soit, mais pour faire écran. C’est ce à quoi se confrontent plusieurs créations sonores parues récemment : inventer, au moyen du son, d’autres façons d’aborder les drogues, afin d’en saisir les réalités intimes et collectives, d’en poser les enjeux sociaux et politiques.
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